Démocratie israélienne, 2016

Les cultures politiques nationales se caractérisent par leur stabilité et leur dynamisme. C’est dire à quel point elles changent lentement mais, en même temps, « correspondent » continuellement à l’évolution des réalités intérieures et extérieures. Qu’elles cessent de s’adapter aux réalités nouvelles et demeurent intactes, elles sont condamnées à perdre leur pertinence et à dépérir. Il arrive que les modifications politico-culturelles soient très lentes, en sorte que les historiens ne les remarquent que rétrospectivement. Parfois, cependant, surtout dans le monde actuel avec ses innovations et ses transformations sans fin, elles sont souvent visibles en « temps réel ». Le cas d’Israël relève de cette dernière catégorie. Je soutiendrai ici que, depuis une vingtaine d’années, la culture politique israélienne évolue à vue d’œil, passant d’une démocratie de type libéral à une démocratie républicaine. Cette modification en profondeur, et lourde de conséquences, se mêle à des changements démographiques correspondants ainsi qu’à des transformations électorales et politiques de base qui, tout à la fois, renforcent et reflètent la transition politico-culturelle.
Les aperçus présentés ici se veulent essentiellement une interprétation du « Democracy Index » de 2016, résultats d’une enquête d’opinion effectuée en mai dernier, accompagnée d’une exploration en cours de la scène israélienne et de ses élites politiques. Avant d’en venir à ces aperçus, il importe de préciser que, dans une perspective pluriannuelle, les données recueillies et d’autres faits empiriques pertinents indiquent que les attitudes, sentiments et perceptions de la société et du système politique israéliens dans le grand public sont dynamiques sans être erratiques…